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Les (é)cri(t)s de Bibi
8 mars 2007

Un rayon de soleil se fraye un chemin entre les

Un rayon de soleil se fraye un chemin entre les rideaux opaques. Il vient caresser ma joue. Ca réchauffe le coeur et le corps. Savourer ce fourmillement sous la peau, ne pas bouger, surtout. Une mouche surgie de je ne sais où troue d'un seul coup l'atmosphère lourde en zigzagant à travers la chambre.
Du moment qu'elle ne vient pas courir sur les morceaux d'épiderme qui dépassent du drap, elle ne me dérange pas. Sa compagnie me plaît, même. C'est déjà ça... Ecouter son bourdonnement me change au moins un peu de la contemplation du plafond. Je connais par coeur chaque motif de la tapisserie, tellement que quand je ferme les yeux, j'arrive à redessiner mentalement le moindre pétale. De vieilles fleurs, indécentes et ridicules, comme ma présence ici.

Je m'ennuie tellement...

Immobile dans la pénombre, à attendre, résigné, la visite quotidienne de l'infirmière, j'ai tout le loisir de penser à ma condition. Disons que j'essaye de ne pas trop m'apitoyer sur mon sort quand même, sinon je crois que je me laisserais totalement couler.
Ce que je fais? J'attends. Je passe mon temps à attendre. Je ne suis plus qu'un pantin, désarticulé et encombrant, qui survit grâce aux efforts des autres. Des personnes qui ne sont là pour s'occuper de moi que parce que c'est leur rôle. Beaucoup de pitié et de dévouement, dans leurs actes, mais pas d'amour. L'amour, je ne sais plus ce que c'est. Il est parti en même temps que ma femme et mes gosses. Il a disparu dans les flammes avec les êtres qui comptaient. Je ne sais pas pourquoi je m'en suis sorti. Depuis trois mois que c'est arrivé, il n'est pas une seule minute sans que je me sois demandé pourquoi moi et pas eux. Les images de l'accident sont imprimées dans mon cerveau avec une netteté et une précision effrayantes. C'était pas ma faute, non, c'est pas moi qui les ai tués...

Quand le chagrin est trop insupportable, j'en viens à espérer les rejoindre. Ma vie n'a plus aucun sens sans eux; elle est inutile, vide. Mon corps ne sera plus jamais capable de se soulever, de bouger seul; ce n est plus qu une caracasse molle, stupidement inerte. Seule ma tête a gardé intacte sa faculté de raisonner. On dirait une punition... Je compare ça à une chute dans un trou sans fond : jusqu'à la fin de ma vie, je vais ruminer mes pensées sombres, revivre ce drame et pleurer ma famille sans jamais réussir à remuer ne serait-ce que le petit orteil. Indéfiniment, je crèverai de ne pas être capable du moindre mouvement pour parvenir à me délivrer de cette non-existence.

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Commentaires
B
oui et la législation impose à des mourants à être malade. Je me demande quelle sera l'issu du procès en cours.
B
Oui, mais au-delà de la volonté des soignants, c'est la législation actuelle qui les empêche d'accéder à la demande de certains patients. La preuve : le manifeste des 2000, qui fait l'actualité en ce moment. Il s'agit d'une liste de plus de 2000 soignants qui ont avoué avoir aidé des malades à mourir.<br /> Merci d'être passé, Gto...
G
Souvent le problème c'est que notre monde médical n'aacepte pas le libre arbitre du l'être humain qui est en souffrance, partant d'un bon sentiment ils veulent sauver à tout prix, prolonger la vie coûte que coûte, sans écouter le mal être de celui qui souffre physiquement ou mentalement. <br /> Un jour un grand père de 81 ans refusait d'être dialysé, car son corps était épuisé, il l'exprimait avec intelligence en disant qu'il avait assez vécu. Le monde médical ne comprenait pas sa demande et voulait l'obliger à se soigner. C'est le monde médical qui n'allait pas bien dans sa tête, mais pas le malade.<br /> Notre monde médical, a besoin d'être formé, pour comprendre le malade, car c'est lui qui doit être au centre de nos préoccupations.
B
C'est vrai que le thème que j'ai abordé ici est on ne peut plus d'actualité; j'avoue que ce n'était pas volontaire de ma part. Ceci dit, je suis tout-à-fait d'accord avec toi, et je suis contente que le débat reprenne un peu partout en Europe. Merci de ton passage.
B
Un plaidoyer pour l'euthanasie mais qui conserve toute la dimension humaine. La vie coute que coute : mon oeil ! Il y en a qui assimile ca à un suicide. On dit du suicide que c'est une solution définitive à un problème qui (le plus souvent) ne l'est pas (définitif). Dans le cas du personnage, je voudrais qu'on m'endorme et pour de bon.
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