"J'aime ce que tu es".A force de les
"J'aime ce que tu es".
A force de les tourner et les retourner dans sa tête, ces quelques mots qu'il lui a dits tout-à-l'heure en viennent à s'emmêler, se téléscoper, à s'enchaîner dans une sorte de litanie dont elle n'arrive plus à se défaire. Ca tourne à l'obsession. Elle ne comprend pas pourquoi, d'ailleurs. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'il lui dit sa profonde affection. Sur le moment, pourtant, elle est restée silencieuse, un peu hébétée, ne sachant pas quoi dire... On ne répond pas "moi aussi" à une telle déclaration! Même si, évidemment, elle aussi adore ce qu'il est... Non! Dit comme ça, ce n'est pas du tout la même chose! Elle le réalise maintenant. En fait, ces mots ne peuvent avoir de sens que dans un contexte particulier, dans un moment de grande intimité, dans la spontanéité d'un instant; de l'éphémère qui exprime un sentiment sans durée, ni condition, voilà ce que c'est. Un constat, un état, juste ça : "J'aime ce que tu es"... Elle est debout face à la fenêtre. La tasse de café à la main, elle regarde sans les voir, à travers la vapeur, les branches nues des arbres sous le soleil de mars. Elle ne se rend pas compte qu'elle réfléchit à voix haute. "Ce qu'elle est"... Ca veut dire quoi? Ce qu'elle représente pour lui, ou bien ce qu'elle est de façon intrinsèque? Les deux, peut-être?
Réfléchir à tout ça, puis prendre du recul, en quasi-permanence. C'est le prix à payer pour pouvoir continuer la traversée sans mettre le pied à terre...